Association Lenn Vor

Le sloop Général Leclerc

Le coquillier « Général Leclerc » (immatriculé B6768) construit en 1948 par le chantier TERTU Rostellec mesure 11,40m de coque, 16m hors tout, 4,05m de large pour 1,90m de tirant d’eau et 13,60m de tirant d’air. Il pèse 15 tonnes et porte 120m² de toile. Son port d’attache actuel est le Tinduff à Plougastel-Daoulas (Finistère). Son premier propriétaire, Pierre KERVELLA de Kerdéniel à Plougastel-Daoulas, en fut l’unique patron durant son activité professionnelle de 1948 à 1973. Le bateau faisait alors port entre Porsmeur et Lauberlac’h à Plougastel-Daoulas.

Destiné à la pêche à la coquille Saint Jacques en Rade de Brest, le coquillier répond aux caractéristiques de ce type de bateau (cf. Ar Vag tome III). Il a commencé sa carrière à la voile et draguait en flottille parmi les 200 coquilliers qui sillonnaient la Rade de Brest en exploitant les bancs de coquilles si prolifiques à cette époque.

Sa carrière de voilier pur a duré trois ans. Dès la campagne de 1951-52, il reçoit son premier moteur, peu puissant, qui n’était qu’un appoint de traction ou un auxiliaire pour regagner le port les jours sans vent.

Le « Général Leclerc » a aussi connu les bonnes et mauvaises fortunes de la pêche coquillière, ébranlée par l’hiver très froid de 1962-63. Les marins pêcheurs de la Rade de Brest se diversifient en exploitant alors les pétoncles noirs, les praires et le maërl, mais c’est en draguant les bancs d’huîtres plates qu’ils trouvent une réelle compensation à la coquille jusqu’en 1970, année où la maladie décime l’ensemble des bancs. C’est alors que ces marins précurseurs s’intéressent au repeuplement de la Rade de Brest en mettant sur pied un projet d’écloserie de coquilles Saint Jacques.

Les qualités d’évolutions et de puissance du bateau étaient et restent remarquables. Selon les témoignages, il était considéré comme l’un des meilleurs (pêcheur et marcheur) parmi les 200 coquilliers alors en activité.

Désarmé en 1973, à la fin de la carrière de son patron, le sloop coquillier connaît une période d’abandon et ne navigue plus. La robustesse de sa construction et le relatif entretien de ses divers propriétaires successifs évitent la déformation de la coque.

En 1987, il est racheté par l’association Lenn Vor qui confie sa restauration à Alain NICOLAS, charpentier de marine.
En 1989, il est relancé traditionnellement à Brest lors des Océanides.

A partir de cette période, le « Général Leclerc » est géré et entretenu par l’association Lenn Vor qui a pour unique ressource les cotisations de ces adhérents. Le bénévolat et les compétences de tous sont alors mis à l’épreuve. Charpente marine, mécanique, gréement et bien sûr la pratique de la navigation traditionnelle créent une connivence intergénérationnelle au sein de l’association.

Il faut aussi souligner qu’à cette époque tout l’équipage d’origine du coquillier était en vie, c’était une chance considérable pour les membres de l’association.

En 1999, Lenn Vor est à l’origine de la création de « l’association des vieux gréements du Tinduff » qui regroupe aujourd’hui une vingtaine de bateaux traditionnels. Cette association s’est fédérée avec celle des marins pêcheurs afin, entre autres, d’optimiser au maximum la zone de mouillage commune.

En 2001, le tableau arrière est remplacé par les bénévoles de l’association qui profitent pour réaliser un grand carénage avec pour seuls moyens leur énergie, leur savoir faire, leurs outils et beaucoup de leur temps.

En 2004, Lenn Vor présente un dossier de classement parmi les monuments historiques. L’arrêté du 4 Août 2005 classe le sloop coquillier « Général Leclerc » monument historique.

L’association est alors très fière d’avoir pu protéger et conserver le dernier coquillier entièrement ponté d’origine, ce qui renforce les valeurs de la flottille traditionnelle de la Rade de Brest.

En 2006, la réfection du pont est réalisée en retrouvant l’authenticité et la proximité du charpentier de marine Alain NICOLAS.

En 2011, l’équipage découvre de la pourriture dans le mât au niveau d’une gerce de cœur sur les deux tiers de sa longueur. La décision est alors prise de le remplacer, une décision pas facile à prendre puisqu’il s’agissait d’un mât de gabare en Pitchpin de plus de 80 ans que l’association avait récupéré en 1989 (bois aujourd’hui introuvable). Le nouveau mât est fabriqué par le chantier du Guip qui réalise alors un travail remarquable.

Les membres de l’association compte aujourd’hui sur le choix d’un chantier local pour pouvoir impliquer au mieux les scolaires de Plougastel-Daoulas dans la restauration du coquillier.

Elle a aussi fait le choix de relancer le « Général Leclerc » à l’ancienne au port du Tinduff pour faire revivre une technique de mise à l’eau traditionnelle dans un projet de dynamique locale.

Malgré de gros travaux de restauration, devenus nécessaires après 25 ans d’aventures, c’est un bateau traditionnel en constante activité qui sillonne des côtes bretonnes à la Cornouaille Anglaise en représentant le patrimoine maritime de la Rade de Brest.

Comment raconter autrement que précédemment la belle histoire de ce sloop coquillier atypique :
- qu’avec nos mots, notre amour et notre volonté de continuer à faire revivre ce patrimoine maritime riche
- qu’à travers le partage du savoir de navigation inculqué par nos anciens aux jeunes de notre équipage